Lors de sa séance du 20 novembre dernier, le Conseil communal d’Olne s’est prononcé à l’unanimité contre la proposition de redistribution du bénéfice de la vente de VOO à Orange. Cette délibération intervient dans l’optique de l’assemblée générale du second semestre de l’intercommunale Enodia qui se tiendra le 21 décembre 2023. Une proposition similaire est portée à l’ordre du jour du Conseil communal d’Andenne du 18 décembre prochain.
Pour rappel, il est proposé que seuls 150 millions d’euros soient reversés aux communes actionnaires et à la Province de Liège alors que celles-ci devraient obtenir au minimum 4 fois ce montant. L’immense majorité de l’argent issu de la vente de VOO serait ainsi utilisée au bénéfice de projets bien éloignés de la réalité des pouvoirs locaux et serait investie dans diverses structures dont les organes décisionnels très distants des conseils des communes associées pour des projets peu ou pas détaillés. Peuvent être cités à titre d’exemple, les 250 millions d’euros qui seraient consacrés à des investissements projetés dans l’éolien offshore par le biais d’Elicio, notamment en France et en Ecosse, ou les 150 millions qui seraient dépensés dans la SOCOFE pour des investissements futurs non identifiés à ce stade.
De tels choix posent réellement question quant à la vision de l’intercommunale Enodia, à une époque où les communes font face à un manque criant de moyens pour concrétiser des investissements nécessaire à l’épanouissement de leur population (crèches, écoles, routes, etc.).
Il convient de rappeler qu’en tant qu’actionnaire historique de VOO, la Commune d’Olne détient 2,16 % du capital fixe du câble (cette valeur historique est de 520.736 euros ; si l’on convertissait ce montant en euros actuels, l’on devrait le multiplier par 3,5 au moins). Elle a investi il y a plus de 40 ans des montants importants pour capitaliser ce qui s’appelait alors Télédis. La proposition de méthode de calcul de la redistribution des 150 millions d’euros qui est appliquée aujourd’hui par Enodia se base non sur le pourcentage historique détenu dans le câble mais sur le chiffre d’affaires par commune de l’activité VOO sur les communes actionnaires. Ce faisant, la Commune d’Olne serait très loin de récupérer ne fût-ce que sa mise de départ en ne recevant que 330.000 euros.
La Ville d’Andenne, de son côté, détient 1,2148 % de parts « C » et 0,4663 % de parts « Ce » dans le secteur « Télédistribution » de l’intercommunale. Comme la Commune d’Olne, elle a investi historiquement dans l’intercommunale et a été amenée à compenser les pertes historiques subies par le secteur « Télécommunications » au détriment des autres secteurs de l’intercommunale.
Il suffit de comparer les montants bien plus importants récemment perçus par les actionnaires de Brutélé pour comprendre que les communes actionnaires du câble au sein d’Enodia se font clairement « rouler dans la farine » : elles auraient dû obtenir bien davantage après s’être passées de dividende pendant plus de 20 ans ! À titre illustratif, la Ville d’Andenne va percevoir 1.008.217,99 euros alors qu’une commune comparable comme Sambreville, actionnaire de Brutélé, va percevoir 8.362.146,50 euros. Le dividende contesté sera par conséquent accepté à titre provisionnel sans reconnaissance préjudiciable des montants devant réellement revenir aux communes.
Ajoutons à cela le fait qu’il est à ce stade totalement incertain que les participations dans Orange généreront des dividendes dans le futur : cette opération s’apparente donc à très mauvais placement pour les communes actionnaires.
Il n’est néanmoins pas trop tard : les communes actionnaires sont amenées à se prononcer sur la proposition de redistribution dans l’optique de l’assemblée générale du second semestre d’Enodia qui se tiendra le 21 décembre 2023. Il leur est toujours possible, comme l’a fait le Conseil communal d’Olne, de voter contre cette proposition déraisonnable et de solliciter la perception d’un dividende plus élevé.
Pour rappel, la Ville d’Andenne et la Commune d’Olne :
- se sont déjà positionnées, par le biais de leurs conseils communaux respectifs, contre le plan stratégique 2023-2025 d’Enodia duquel émane la proposition de distribution du dividende ;
- ont intenté deux actions en justice à l’encontre de ces décisions (une devant le Conseil d’Etat, une devant le Tribunal de l’Entreprise). Quelle que soit la décision prise à l’occasion de l’assemblée générale, la Ville d’Andenne et la Commune d’Olne continueront à contester la proposition émise par Enodia tant sur la forme que sur le fond.